Découvrez l »exposition consacrée au Manifeste incertain, volume VIII, le récit graphique de  Frédéric Pajak. A voir du 9 juin au 24 septembre 2021. Illustration : Manifeste incertain VIII – © Frédéric Pajak 2019



Manifeste incertain, volume VIII, cartographie du souvenir 

de Frédéric Pajak (Éditions Noir sur Blanc, 2019)


Je sens les mots noirs qui m’encerclent et menacent de m’anéantir. Je me débats, je frappe, je flanche, je finis par m’écrouler ; et ce n’est que quand je suis à terre que les premiers mots se pressent dans mon carnet ; c’est parce que je meurs que je leur prête vie. Lorsque les mots ne m’achèvent pas, ils me couchent à plat ventre, m’écrasent la tête, me forcent à avouer. Je me redresse, et murmure du bout des lèvres : « Je le jure. »
Sitôt écrits, les mots meurent à leur tour ; à chaque fois, ils réinventent le meurtre. Ils me laissent agoniser dans la poussière du verbe. En un instant, ils se gonflent d’orgueil, se font importants, grandiloquents — mais ils se découragent très vite. Écrire, c’est mourir de la belle mort que réclame chaque phrase. Le livre ? Il se fabrique de mille et mille morts, et les mots noirs sont autant de croix sur la blancheur du papier. Il n’y a pas de livre sans ce désespoir extrême, sans cette violence — une violence sans cri ni effusion de sang, juste un chuchotement entre la chose à transcrire et la chose transcrite. Une faille, un hiatus. Tout se joue en cette infime seconde de diversion. Tout à coup, la réalité s’éclipse, l’invisible affleure.
Écrire, c’est traduire l’invisible pour tuer le réel. Qu’importe la vérité des mots : est-il besoin de vérité ? Quelle vérité ? Lorsque, enfin, les mots dévoilent ce qui se cache dans l’invisible, on les croit sur parole. Il n’y a pas de petit arrangement qui soit : il faut se montrer vivant pour remourir à chaque fois..

Frédéric Pajak

En se mariant, un jeune homme hérite d’un beau-père tyrannique et fortuné, féru d’ésotérisme. Leurs rapports s’enveniment très vite. Dans la montagne, une jeune gardienne de troupeau disparaît du jour au lendemain.
À travers deux récits, Frédéric Pajak nous invite à un voyage dans une Suisse tourmentée, à la violence sourde. Nous partons pour la Chine populaire, celle de 1982 et celle d’aujourd’hui, puis pour l’île de Taiwan.
Ces récits sont entrecoupés de deux portraits : celui de Paul Léautaud se faisant portraiturer par Matisse, et celui d’Ernest Renan, à l’époque où il traverse une grave crise de conscience, avant de quitter définitivement le Séminaire.
Fiction, biographie et autobiographie se mélangent et soulignent les affres et les voluptés de l’incertitude.

Écrivain, dessinateur, éditeur et réalisateur, Frédéric Pajak publie des ouvrages qui conjuguent écriture et dessin. Il est l’auteur de 25 livres, publiés aux Presses Universitaires de France,
chez Gallimard et chez Noir sur Blanc. Depuis 2012 paraît chaque année un volume du Manifeste incertain — qui en compte neuf — entre biographie, autobiographie, essai et poésie. S’y croisent
les destins de Walter Benjamin, Nadja, Bram van Velde, Samuel Beckett, Ludwig Hohl, Ezra Pound, Arthur Gobineau, Vincent Van Gogh, Emily Dickinson, Marina Tsvetaieva, Renan, Léautaud, Fernando Pessoa. Depuis 2002, il dirige les éditions Les Cahiers dessinés. Il est l’auteur de deux films : En souvenir du monde (2010), et Aubrun, l’absolue peinture (2019).

Remerciements au jury composé de Aurélie Quintard, Pascale Boille, Jacques Ferrandez, Véronique Massenot et Séra.

Exposition du 9 juin au 24 septembre 2021
Galerie de la Scam, 5 avenue Vélasquez 75008 Paris, Métro Villiers / Monceau. Du lundi au vendredi, 9h30 -17h30. Entrée libre sur présentation à l’accueil.


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